Une traversée en 12j, 8h, 58mn, 21s
L’équipage V and B composé de Maxime Sorel, Bertrand Delesne et Luke Berry a franchi la ligne d’arrivée à St Malo samedi à 4h du matin, après des heures interminables, si proche du but, bloqué par l’absence de vent. Une arrivée remplie d’émotions. « On est très heureux d’arriver ! Contents de la place qu’on occupe, à l’entrée de la Manche, nous étions au coude au coude avec le pack de tête. C’est une superbe course qu’on aurait aimé inscrire à notre palmarès mais qui s’est transformée en une véritable aventure humaine et sportive en renouant avec les bases de la navigation presque à l’ancienne » explique Maxime.
Le bateau V and B se classe 8ème sur 19 Class40 engagés dans la course, après avoir rencontré, dès l’avant course, de multiples galères dont ils se sont largement relevés.
En tête de course dans les premiers jours, un pit stop a été nécessaire, à Saint-Pierre, pour changer une drisse de grand-voile (cordage servant à hisser la voile) et tenter de déboucher les pompes d’aspiration d’eau qui empêchaient le refroidissement du moteur. Malheureusement toutes les tentatives de réparations ont échoué – moteur HS. Privé d’énergie, Maxime Sorel a pris la décision de ne pas faire demi-tour après cette avarie majeure qui a sonné la fin d’une course à la régulière face aux autres coureurs de la Transat Québec Saint-Malo.
Il fallait dorénavant se priver notamment du pilote automatique, de moyens de détections, de fichiers météo essentiels, les empêchant d’anticiper, de faire des routages (prévoir route à suivre en fonction vitesse du bateau et du vent), de savoir où étaient placés leurs concurrents. Le trio devait se relayer à la barre 24h/24, « c’était très stressant, nous nous prenions des sauts d’eau glacée, nous ne pouvions pas être à 100% de notre performance » explique Maxime.
« Quand la machine lâche, il reste les hommes ! »
« D’autres concurrents auraient sans doute fait demi-tour après le pit stop. » confiait Yvan Bourgnon, le parrain du Class40 V and B. C’était sans compter la détermination de l’équipage. Ayant choisi de courir pour l’association Vaincre la Mucoviscidose, Maxime a voulu montrer qu’on ne doit pas baisser les bras par respect pour les patients atteints de la maladie. Il n’était pas non plus question de décevoir les partenaires et tous les soutiens du projet. Une belle leçon de courage. Les embûches et contrariétés du quotidien ne doivent pas nous empêcher d’avancer, toujours, et de trouver des solutions, dans la bonne humeur !
« Nous avons formé un trio de personnalités complémentaires, super ambiance à bord malgré les circonstances » raconte Maxime.
Sur les dernières 24h de course, la Manche déventée ressemblait un peu à un supplice… Il aura fallu une énergie folle à Maxime et ses co-équipiers pour se relayer à la barre toutes les 2h, comme depuis le 4ème jour de course, pour négocier la moindre risée et éviter de reculer.
« Au delà du résultat, on a eu beaucoup d’émotions, de soucis à gérer. Mais on s’est donné à fond. Je suis content d’avoir fait cette transat avec Maxime et Luke, on a vraiment vécu de belles choses ! » confie Bertrand Delesne.
Un grand bravo à Maxime, Bertrand et Luke !
La Transat Québec Saint-Malo à bord du Class40 V and B
Le Fleuve Saint-Laurent : 4 jours de régate côtière, les caprices du fleuve avec les vents changeants et les courants, le souffle des baleines, le hurlement des loups, les petites maisons colorées, la perte du moteur…
L’Atlantique : 1 journée à la boussole à la sortie de la Porte des Glaces au milieu des plateformes pétrolières, zéro fichier météo, pas de pilote automatique, 30mi d’énergie par 24h, des hectolitres d’eau de mer reçus quand on est à la barre, 6 jours au portant dans des surfs interminables, 4 empannages (changements de direction), des vitesses moyennes record avec plus de 350nm/jour
La Manche : 2 jours de régate au contact, le rail des cargos traversé sans radar, ni AIS (système de détection), 4 heures pour sortir de Bréhat, mouillage à 3 reprises pour ne pas reculer, une baignade pour l’équipage en guise de douche, 2h bloqués au Cap Fréhel, 25 empannages avant de passer la ligne, 7 semi- rigides, avec à bord, les partenaires et les proches qui ont passé la nuit sur l’eau pour attendre Maxime et ses co-équipiers.