RDR 2014 V and B Life
22 décembre 2014

Confidences du skipper du V and B / MS-SAILINGTEAM

Portrait de Maxime SOREL

Un proverbe anglais affirme qu' »une mer calme n’a jamais fait un bon marin ». Nul doute, qu’au vu des éléments qui se sont déchainés durant la Route du Rhum, laissant place à des abandons en série, Maxime Sorel, skipper du V and B / MS SAILINGTEAM doit être un excellent marin. Arrivé en tête de la catégorie Vintage, il revient pour V and B.fr sur cette aventure hors du commun, sur la mobilisation qui l’a accompagnée. Sans détour ni faux semblant.

Portrait de Maxime SORELA peine 1 mois après ton arrivée, comment te sens-tu ?

Je me sens super bien. Je pensais cependant que cela allait s’arrêter après la Route du Rhum, que cela allait se calmer. Mais en fait, non, cela ne fait qu’accélérer. Tous les gens qui me suivaient sont encore là, je suis invité à plein d’évènements. Il y a une ampleur incroyable.

Étais-tu préparé à cette mobilisation importante ?

Franchement non. En fait, avant la course, j’étais vraiment concentré, je ne me rendais pas trop compte. Je voyais bien l’agitation, mais j’étais vraiment dans ma course. Pendant la course, même s’il y a eu la connexion satellite, je suis resté en contact avec  mes proches, principalement. Mais à mon retour, j’avais 400 mails qui m’attendaient, de personnes que je ne connais pas. De clients V and B, de partenaires, de gens liés à la lutte contre la mucoviscidose… J’ai mis du temps à répondre (rires).

21 jours de course, la Route du Rhum terminée, 1er en vintage : objectifs atteints ?

Oui, complètement atteints. J’avais l’espoir d’être dans les 35ers, je suis 23ème et 1er en Vintage. Je dois être honnête, je suis compétiteur, et mon objectif était aussi de battre le record du bateau qui avait déjà participé à la Route du Rhum en 2010. Le record était de 20 jours, et j’ai fait 21 jours. Mais là, avec les conditions météo, c’était impossible. Donc sinon, contrat rempli !

« Le départ, un moment exceptionnel. Mais aussi stressant, car je savais que l’on plongeait dans la gueule du loup »

Au moment du départ, au passage des écluses, c’est super excitation ou grand stress ?

Un sentiment partagé. Le passage des écluses, c’était extraordinaire. En rejoignant le bateau, j’ai été accueilli par Jean-Pierre (fondateur de V and B) et toute l’équipe. Je n’étais pas au courant. Il faut s’imaginer la scène. En pleine nuit, sur les pontons, ils dansaient, chantaient pour m’encourager. Et puis, au départ, le long des quais, la foule qui scande ton nom. C’était un moment vraiment exceptionnel. Mais aussi stressant, car je savais que l’on plongeait dans la gueule du loup. On savait que les premières heures allaient être très mouvementées.

Justement, ces premières heures. Les médias ont qualifié la première nuit de course de « dantesque », « titanesque », avec des abandons à la pelle. Tu peux nous décrire cette première nuit ?

Plus qu’une nuit, presque deux jours ! J’ai fait un total blackout sur ce moment. C’était un véritable cauchemar qui n’en finissait pas. Je n’avais jamais connu autant de houle. Les vagues atteignaient 6 à 8 mètres, le vent pouvait souffler jusqu’à 45 voire 50 nœuds. Tout ce que l’on fait est très physique. Le moindre geste est difficile, et cela, sans même 15 minutes de répit, d’autant plus que le bateau est en permanence couché. En plus, j’ai eu une fuite de gazole qui a encore plus compliqué les manœuvres. Les boulons étaient glissants, le sol tout autant, et cette odeur très forte m’a donné le mal de mer.

A ce moment-là, lorsque l’on fait sa première Route du Rhum, que se dit-on, seul, au milieu de ces vagues impressionnantes ?

Moi, j’avais énormément mal pour le bateau. Il était très résistant, mais la mer se déchainait contre lui. Au moindre bruit suspect, je stressais. Et puis à partir du troisième jour de tempête, je me suis fait une raison : « si ça casse, ça casse ». Je me demande même si cela n’aurait pas été un soulagement, sur le moment.

« Jamais, je n’ai pensé à abandonner »

Dans des moments comme celui-là, tu as pensé à abandonner ?

Non, pas une seconde. Je n’ai jamais pensé à abandonner. C’est une aventure qui a demandé tellement d’énergie, un investissement important, mobilisé tellement de monde, que je ne pouvais pas abandonner.

Ne pas abandonner certes, mais est ce que l’objectif d’une place n’est il pas revu à la baisse, pour finir la Route du Rhum tout simplement ?

Non plus. Je reste un compétiteur. Même au plus fort de la tempête, alors que je ne tenais pas sur mon siège tellement le bateau bougeait, j’allais télécharger le classement des bateaux. J’avais toujours un œil sur ce classement, toujours en tête l’objectif initial.

[…]

Rendez-vous, Lundi 29 décembre, pour lire la suite des confidences de Maxime Sorel…